En ce temps de confinement, la Fondation Losseau et le Secteur Littérature de la Province de Hainaut vous proposent de profiter de l’ouverture des bibliothèques et des librairies pour vous présenter l’œuvre d’une autrice ou d’un auteur hainuyère.er à (re)découvrir avec gourmandise. Un rendez-vous hebdomadaire à ne pas manquer !
[BD] Les Tuniques Bleues de Raoul Cauvin, Salverius, Lambil. Ed. Dupuis, 1972-2019, 46-48 p.
A l’occasion de la sortie de la 65ème aventure des Tuniques Bleues, nous vous proposons un focus sur cette série emblématique de notre enfance.
Créé en 1971 dans les colonnes du magazine Spirou par Raoul Cauvin (Antoing, 1936) et Louis Salvérius (Soignies, 1935-1972), le premier album paraît en 1972, c’est Un chariot dans l’ouest. Nous sommes au début de la guerre de Sécession (1861-1865) dans le camp de l’Union, c’est-à-dire des états abolitionnistes. Les personnages principaux sont déjà là : Cornelius Chestefield, sergent de la 22ème cavalerie, grand roux soupe-au-lait, à cheval sur la discipline militaire, et Blutch tout son contraire, caporal de cette 22è cavalerie, prêt à déserter à tout moment. C’est assurément le personnage préféré de nombreux lecteurs des Tuniques Bleues. Il incarne toute la contestation de l’époque où paraît la série : pacifisme, antimilitariste, anti-discipline, pro-liberté. Blutch est le maître d’une jument gris pommelé à crin blanc, Arabesque, qui s’écroule dès qu’elle entend « Chargez! ». Bien d’autres personnages parsèment la série, avec pour chacun, un trait caractéristique.
Attention, cette série « Western » amusante ne badine pas avec l’Histoire : tout est documenté : personnages historiques, costumes, armes. On n’y trouve aucun anachronisme. Bien sûr les lecteurs ne lisent pas Les Tuniques Bleues pour la véracité historique, mais pour les sketches, pour les « running gags » et les fameux jurons de Chesterfield, remplacés par des symboles, loi pour la protection de la jeunesse oblige.
Depuis 1972, Cauvin concocte des scénarios en 46 ou 48 pages sans temps mort et avec un grand sens du suspense et si certains titres sont plus faibles, c’est toujours avec enthousiasme que sont accueillis par le public les albums de la série.
Salverius a changé souvent de dessin dans les premières aventures, il voulait en faire une BD réaliste, et c’est à Lambil que l’on doit ce trait semi-réaliste qu’il ne changera plus. En 2019 les deux auteurs font une passation de relais : pour le numéro 65, nous trouvons au scénario le binôme français Beka, auteurs des séries jeunesse Foot maniocs, Studio danse (Bamboo édition) et au dessin José Luis Munuera (entre autre série : Sillage, Navis, parus chez Soleil). Il y apporte un trait plus cartoonesque.
Mention spéciale à Vittorio Leonardo (Naples, 1938, vit à Charleroi) qui colorise depuis le début la série, sauf le N°65.
Vous savez ce qu’il vous reste à faire : lisez, relisez Les Tuniques Bleues.