Le conseil lecture de Philippe Leuckx : d’Elsa Morante, « La Storia »

Sur la table de nuit de Philippe Leuckx, Elsa Morante

Elsa Morante, « La Storia », Giulio Einaudi editore, 2014.

« Au mois d’octobre, en même temps que débutait la nouvelle année scolaire, l’ancienne d’Ida, à quelques pas de la Via Bodoni, fit sa réouverture et cette année-là, la classe enfantine échut à Ida, et comme elle ne savait à qui confier Useppe, elle décida de l’emmener avec elle tous les jours. A la vérité, Useppe, pour être inscrit officiellement à l’école, n’avait pas encore l’âge requis (il lui manquait un an) : mais Ida, l’estimant, avec une orgueilleuse certitude, plus mûr que la normale, comptait sur l’exemple et la compagnie des autres enfants pour lui donner envie, pour le moment, d’apprendre au moins l’alphabet« . -Elsa Morante, « La Storia« , folio n°4024, page 636, traduction admirable de l’italianiste Michel Arnaud, traducteur entre autres de Cesare Pavese – « Le Bel été ».

Un livre auquel je reviens souvent parce qu’il nourrit intensément et durablement, c’est le grand roman d’Elsa Morante, « La Storia ». L’humanité abîmée par la guerre, l’isolement, le mal, c’est le message du livre, mais l’universalité du propos nous montre ces chers personnages que l’Histoire déloge, détruit : cette petite institutrice et mère, Ida, son cher petit Giuseppe, dit Useppe, pas tout à fait comme les autres enfants. L’innocence brisée, elle est de tous temps. Elle nous interpelle, nous interroge. Quel monde pour les petits innocents sans défense ?