Chaque semaine, deux auteurs hainuyers nous proposent de (re)découvrir leur livre de chevet… Celui dont Françoise Lison-Leroy nous parle aujourd’hui, « Croire aux fauves » de Nastassja Martin, ne quitte plus sa table depuis janvier. Publié en 2019 aux éditions Gallimard (collection Verticales), ce livre nous propose d’interroger les liens entre humanité et animalité.

Nastassja Martin Croire aux fauves première de couverture

Nastassja Martin, « Croire aux fauves« , Gallimard, 2019 (collection Verticales).

« Je dis qu’il y a quelque chose d’invisible, qui pousse nos vies vers l’inattendu. » Le premier récit de la jeune anthropologue française, spécialiste des populations arctiques, révèle un événement précis qui bouleverse son existence, sa perception de l’animal et de l’humain. L’affrontement entre l’ours et l’aventurière, en cet été 2015, dans les montagnes du Kamtchatka, est le point de départ d’un itinéraire désormais réinventé. « Il y a eu nos corps entremêlés, il y a eu cet incompréhensible nous, ce nous dont je sens confusément qu’il vient de loin, d’un avant situé bien en deçà de nos existences limitées. » 

De l’hôpital russe où elle est admise, défigurée, où un agent la soupçonne d’espionnage, à celui de la Salpêtrière où elle est réopérée, Nastassja l’intrépide s’engage dans une intense quête intérieure. Elle cherche l’accord entre animalité et humanité : confrontation, hybridation, résilience ? Elle reprendra la route vers le Kamtchatka. « Le dessous du visage, le fond humain des bêtes, c’est ce que l’ours voit dans les yeux de celui qui ne devait pas regarder ; c’est ce que mon ours a vu dans mes yeux. Sa part d’humanité ; le visage sous son visage. » 

Françoise Lison-Leroy, 19 avril 2020