A propos de « L’homme assis » de René Char

L’œil déjà éveillé, l’homme se tient juste à coté de mon lit. Silencieux. Une lumière l’éclaire. Il tient un livre ouvert sur ses genoux mais ne lit pas. Il raconte, il dit.

sur la table de Nuit de Tristan Alleman : Œuvres complètes, René Char, Paris, Gallimard, 1988, Bibliothèque de la Pléiade

Œuvres complètes, René Char, Paris, Gallimard, 1988, Bibliothèque de la Pléiade

« N’égrène pas le tournesol,

Tes cyprès auraient de la peine,

Chardonneret, reprends ton vol

Et reviens à ton lit de laine.« 

C’est René Char. Le poète de tous les lieux, surréaliste tout autant, résistant plus encore. Qui m’accompagne depuis lurette, posé, déposé, conservé, là, silencieux, sur la table de la nuit. Toujours présent, saisissable, accessible, son recueil d’œuvres complètes laisse facilement saisir sa forme souple et le faux cuir de ses angles. Toujours présent, léger malgré son format de pléiade sans jaquette protectrice. Toute page et tout texte y ont leur charme. Y retourner plonger les yeux secrets de quelque rêve persistant est un moment de grâce qui fait reprendre nuit à l’esprit hésitant. N’est-ce pas là l’envergure d’un livre de chevet ?

 

« Dans la boucle de l’hirondelle un orage s’informe, un jardin se construit ».

Tristan Alleman